A l’aide de l’armée, Vargas réalise un coup d’État le 10 novembre 1937, concentre les pouvoirs, annule la constitution de 1934, en adopte une nouvelle et met en place l’Estado Novo ( à l’instar de l’Estado Novo portugais mis en place par Salazar). Un régime corporatiste, populiste (le régime est aussi populaire et bénéficie du soutien d’une partie de la classe moyenne, d’une partie des ouvriers et d’une partie de la bourgeoisie conservatrice) et dictatorial. Vargas gouverne avec des décrets et l’Etat est interventionniste sur le plan économique.
En politique intérieure, l’Estado Novo est l’accomplissement de la politique menée par Vargas depuis 1930, mais en politique étrangère, ce dernier sera fragilisé par la montée des tensions et par la Seconde Guerre mondiale.
Se rapprocher de Berlin sans se couper de Washington
Fidèle à sa politique d’équilibre, Vargas se rapproche des puissances de l’Axe sans rompre avec les Etats-Unis. L’objectif étant de multiplier les partenaires pour échapper à la domination américaine.
Cette dualité s’incarne dans le gouvernement de Vargas, avec un ministre de la Guerre, Eurico Dutra, proche de l’Allemagne et un ministre des relations extérieures, Osvaldo Aranha, proche des Etats-Unis.
Eurico Dutra et Osvaldo Aranha
Rapprochement avec l’Allemagne
Entre 1933 et 1938, les exportations vers l’Allemagne quadruplent et les importations quintuplent. Si les Etats-Unis restent le premier partenaire commercial du pays, ils n’en sont plus le premier fournisseur.
Sur le plan diplomatique, les légations allemandes et brésiliennes sont élevées au rang d’ambassade.
Les limites de ce rapprochement
Des tensions apparaissent à la suite de politique d’assimilation des populations d’origine allemande. Souhaitant créer une identité nationale, Vargas s’appuie sur la langue portugaise, au détriment des autres langues européennes, pour créer une unité entre les Brésiliens.
Vargas n’autorise que l’enseignement du portugais, ce qui provoque la fermeture d’établissements germaniques (en particulier dans les États du sud).
A cette attaque contre la langue allemande, s’ajoute la dissolution de 80 sections du parti national-socialiste à la suite de l’interdiction pour les étrangers d’avoir une activité politique.
Ces mesures provoquent la colère des Allemands et la protestation de leur ambassadeur qui est désormais persona non-grata dans la capitale brésilienne.
En 1938, il n’y a plus que des chargés d’affaires entre les deux pays.
Le retour sous le giron américain
Même durant l’apogée des relations avec l’Allemagne, le Brésil a toujours pris soin de ne pas fâcher les États-Unis.
De son côté, Washington a toujours maintenu le lien avec Vargas. Ainsi en 1935, un accord commercial est signé entre les deux pays (il reporte les échéances de la dette brésilienne). Lors de l’instauration de l’Estado Novo, Vargas fait préciser -via une circulaire – que le Brésil continue d’être fidèle aux “idéaux démocratiques, pacifistes et panaméricanistes”.
La présence d’Oswaldo Aranha (ancien ambassadeur à Washington) à la tête du ministère des Relations extérieures est une garantie supplémentaire pour les États-Unis.
Le Brésil reçoit aussi des aides financières et technologiques et, en échange, permet aux Etats-Unis d’installer des bases militaires.
Finalement l’attaque de Pearl Harbor et le torpillage de navires marchands brésiliens par la marine allemande poussent Vargas à rompre les liens avec les puissances de l’Axe, puis à entrer en guerre.